Plan d'une partie de la Marne au village de Germigny, par Gautier (1727).


Plan d'une partie de la Marne au droit du village de Germigny (XVIIIème). Archives nationales, CP/F/14/10068/1/1.

Sur cette carte, nous remarquons des chiffres disposés en rang, au travers de la rivière. Dans la légende, il est indiqué que « les chiffres qui traversent la rivière marquent le sondage des eaux alors plus creusées d'un pied que lorsqu 'elles sont les plus basses de toute l'année ». Cette carte, levée par Gautier en 1727 sous l'ordre du directeur général des ponts et chaussées Dubois, donne des indications sur un passage périlleux de la rivière. On s'en doute, la profondeur des eaux est une donnée importante pour ceux qui pratiquent la navigation.
C'est en hydrographie que la notion de relief comme donnée cartographique est en premier développée, à partir du XVIe siècle. En revanche, les indications relatives au relief apparaissent plus tardivement sur les cartes terrestres. C'est en premier lieu du côté du Génie militaire que cette pratique se développe. Là aussi, la technique appliquée est semblable à celle utilisée dans la cartographie marine. Le zéro est déterminé sur le plus haut point de l'étendue cartographiée et les valeurs de la carte calculées à partir de ce zéro sont toutes négatives.
Marcellin Du Carla en 1782, synthétise dans son traité sur le nivellement toutes ces idées dans l'air du temps (courbe de niveau, choix du zéro et des échelles...) et le premier, évoque la nécessité de mutualiser les travaux déjà effectués pour créer une carte générale du nivellement de la France. A la suite des ambitions de Louis XIV et de son géographe Buache, les cartographes prennent conscience de l'importance de pratiquer une cartographie mutualisée : l’enjeu pour l'Etat est une meilleure maîtrise du territoire.
Ces idées peuvent également s'appliquer au nivellement, à condition de trouver un point de référence commun... et le niveau de la mer, s'il est universellement accepté a pour inconvénient de ne pas être fixe : la morphologie de la Terre, les vents ou les marées sont autant de facteurs qui influent sur le niveau de la mer. Marcellin Du Carla pose donc la nécessité de déterminer un point qui serait commun, dans le but de faire ainsi avancer la science de la cartographie. Après une longue explication des causes par lesquelles il est impossible de déterminer un point fixe, Du Carla conclut que l'on doit créer et déterminer un point artificiel et arbitraire accepté par tous.

 

Dans l'attente d'une décision officielle, les cartographes et géographes continuent à déterminer leur propre zéro. En 1802, une commission de topographie, destinée à améliorer les pratiques, est organisée. Quelle décision a-t-elle prise à ce sujet?

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