Henri Gautier, L'art de Laver, 1687

« Si on suit exactement les moyens que je donne pour y réussir, je suis persuadé qu'on deviendra dans un peu de temps parfait dans cette occupation ». p. 3
 

Présentation de l'ouvrage

Cet ouvrage écrit par un ingénieur du corps des ponts et chaussées est un traité technique exposant le processus de mise en couleur des carte, ponctué d'éléments informatifs sur les significations des couleurs. Le but de cette mise en couleur est d'ajouter une valeur sémantique à la carte. Il convient pour « laver » un plan, c'est à dire le mettre en couleur, de lire les « minutes » relevées sur le terrain, et de les transcrire en couleur. On commence dans un premier temps par en tracer les contours, puis on ajoute la couleur. Les ouvrages à réaliser et les ouvrages finis ont des codes couleurs différents. L’auteur explique comment préparer les couleurs et pour quel usage elles doivent être employées : il préconise des couleurs cohérentes avec celles que l'ont observe dans la nature. Il conseille également de s’inspirer du travail des artistes qui ont mené une réflexion sur les représentations d’éléments du paysage comme les arbres et le ciel et sur le choix des couleurs pour les représenter. L'art de laver est apparenté à l'art de la peinture de paysage : il peut être perfectionné en copiant les grands peintres.

Aspects pratiques

L'ouvrage est émaillé de détails d'un genre très pratique : l'auteur explique comment fabriquer les couleurs, comment choisir pinceaux et plumes et comment prendre soin de son matériel. Il faut par exemple ne pas laisser les poils des pinceaux se recourber. Pour ce faire, il faut bien les laver après chaque utilisation et les humecter de salive avant de les laisser sécher. L'ouvrage est une mine d'informations précises concernant le processus de mise en couleur des cartes. Par exemple, l'auteur recommande à ses lecteurs de bien appliquer les couleurs en fonction du temps de séchage qui varie selon leur composition.

La signification des couleurs

Pour cet auteur, le lavage jaune des dessins (plus détaillées que les cartes) concerne les ouvrages à réaliser et le rouge est utilisé pour ceux qui sont achevés. Pour matérialiser un projet de canal ou de route sur une carte, le trait est de couleur rouge et l'ouvrage n'est pas lavé. Les chemins sont de couleur de terre alors que les rues sont blanches. Les matériaux de construction influent sur la couleur des objets représentés : les ponts en pierre sont rouges et les ponts en bois sont couleur de terre. Les rivières, étangs et marais sont indigo, outremer ou terre selon la quantité d'eau. Aussi, on comprend que la technique du lavage de cartes n'est pas libre de toute interprétation.

Henri Gautier, L'art de Laver, 1687

 

 

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