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Le nivellement au sein du projet du canal de l'Ourcq : un sujet délicat
Vallée de la Marne de Fronville à Chamouilley levé par les géomètres Dupaty, Minguet, Matrat, Thévenot, XIXème siècle, détail : canal de l'Ourcq. Archives nationales, CP/F/14/10068/1/13.
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La précision du nivellement au sein du corps des ponts et chaussées marque la légitimité de ceux-ci face aux autres acteurs de l'urbanisation comme les entrepreneurs privés.
Au début du XIXème siècle, le nivellement dans le projet de construction du canal de l'Ourcq devient aussi l'un des enjeux qui engage la réputation de l'école et du corps aux yeux de l’État et face au privé.
L'offensive vient de l'école des ponts et chaussées. Les élèves envoyés faire des calculs sur le tracé du futur canal soulèvent des erreurs de nivellement opérées par les entrepreneurs.
Un ingénieur, Louis Bruyère, est nommé pour vérifier les affirmations des élèves en revérifiant tous les calculs. Celui-ci confirme les erreurs et met le doigt sur des écarts assez importants.
Contrairement aux pratiques des ingénieurs des ponts et chaussées, les erreurs de nivellement ne compromettent pas un projet d'entrepreneurs. Leur travail est itératif et peut être modifié en cours de route. Les ingénieurs du corps des ponts et chaussées ont, en revanche, une formation basée principalement sur la conception du projet.
Cette affaire donne lieu à des débats virulents, le projet est retiré aux entrepreneurs et confié aux ingénieurs des ponts et chaussées. À l'intérieur du corps, le projet fait aussi polémique.
En effet, le projet de Pierre-Simon Girard est assez original. Girard souhaiterait faire du canal un lieu de tourisme et soigne particulièrement son esthétique, sans chercher à effectuer une économie drastique de l'eau. Le tracé est ici rectiligne et ne cherche ni à suivre le relief naturel, ni à équilibrer la quantité de déblais et de remblais. Les esprits déjà échauffés par les querelles liées aux erreurs de nivellement des entrepreneurs privés ne laissent pas la possibilité à Girard de défendre longtemps son projet.
Sans l'intervention de l'Empereur, qui possède une confiance sans faille envers l'ingénieur suite à sa participation à la campagne d’Égypte, le projet n'aurait jamais été réalisé.