L'ouverture des voies de chemin de fer provoque méfiance et inquiétude

 

 

Une inquiétude légitime

En 1850, une année après l'ouverture du chemin de fer entre Paris et Lyon, le préfet de l'Yonne expose au cours d'une délibération du conseil général ses inquiétudes face à l'arrivée de ce nouveau mode de transport. Depuis son ouverture, le tonnage de marchandise transporté par voie fluviale baisse, tandis que les efforts d'amélioration de la navigation de l'Yonne, du canal de Bourgogne et du canal du Nivernais se poursuivent pour améliorer l'alimentation en eaux du canal et assurer un tirant d'eau permettant la navigation à vapeur. L’enjeu est de taille, il s'agit de ne pas perdre l'importante richesse apportée par l'eau. En effet, face à la concurrence des voies de chemins de fer, exploités par des sociétés privées, le département est susceptible de perdre une partie des recettes provenant de la navigation fluviale. Comment faire face ? En baissant les droits de navigation ? En améliorant toujours plus la navigabilité ? Le réseau des voies navigables élaboré progressivement depuis plusieurs siècles peut-il être mis en danger par ce concurrent "anglais" ?

Des ingénieurs intrigués...

Dans le cadre de la révolution industrielle les anglais sont très actifs dans le domaine de l'aménagement des voies navigables, et sont également pionniers dans un mode de transport concurrent : les chemins de fer. Les ingénieurs des ponts et chaussées effectuent plusieurs voyages outre-Manche afin de rapporter à l'ensemble du corps les ficelles de ce succès. Construit en France à partir de la monarchie de Juillet, le rail se développe rapidement et dessert toujours mieux le territoire. Il réduit le besoin de pratiquer le coûteux roulage entre deux voies d'eau. Il est plus rapide, régulier et opérationnel même pendant la période d'étiage.

Le chemin de fer est plus pratique

Au début du XIXe siècle une grande partie du réseau français des voies navigables est déjà constitué. En 1834, la navigation est encore améliorée avec l'invention des barrages mobiles qui permettent d'étendre les périodes de navigation. Malgré les efforts effectués, le transport par voie fluviale reste trop lent, dépendant des saisons et nécessite des ruptures de charge. Ces contraintes sont difficilement acceptées par les industriels dans un contexte d'accélération de la production.

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